AMINE AÏTOUCHE ALIAS SNEAK : Artiste- performer-graffeur
AMINE AÏTOUCHE ALIAS SNEAK : Artiste- performer-graffeur
Sa signature sur des pans de murs de la capitale commence à être reconnue au premier coup d’œil. Le graffiti : Un art urbain et visuel qui commence à s’imposer dans notre société, avec l’émergence d’un essaim de jeunes artistes pleins de talents. Amine Aitouche (27 ans) arrive en tête du pelleton de ces performers de street art. Il a fréquenté l’école supérieure des beaux -arts d’Alger et a exposé son travail à Alger, Paris, Barcelone… Nous l’avons rencontré lors de son exposition autour de la thématique de l’égyptologie, au Sous-Marin d’Alger, le 11 Mars dernier. Interview avec le roi du graff
Artissimo : Comment -êtes vous entrés dans le monde du graffe ?
Amine Aïtouche : Pas plus haut que trois pommes, j’ai montré des prédispositions pour le dessin. Je m’accaparais des outils de ma mère, architecte de son état, pour créer des ‘œuvres’. Dès l’âge de 8 ans, j’ai découvert la musique rap. En regardant les clips, j’ai noté cette forme d’art : le graffiti souvent associé aux tags. Ces images sont restées dans un coin de ma tête. A 13 ans, je me trouvais à Sétif chez mes grands- parents à l’occasion de l’Aid. Avec mon cousin, nous avions récolté pas mal de pièces d’argent, la tradition voulant que les enfants soient gâtés ce jour -là en pièces sonnantes et trébuchantes. Nous étions à la recherche d’une idée pour occuper notre temps. Nos pas nous ont alors conduits dans une quincaillerie. A la vue, de bombes aérosols, nous avons laissés notre pécule sur le comptoir en échange de ces joujoux. Les murs de Setif ont ainsi accueillis mes premiers tags. J’ai écrit mon nom en graffiti. C’était jubilatoire. Plus tard, j’ai réitéré cet exploit sur la terrasse de mon grand père à Alger. Geste qui m’a valu une bonne taloche.
A : Même aujourd’hui vous continuez à tagger les murs de manière clandestine.
A A : Oui, c’est un besoin irrépressible. M’emparer d’une bombe aérosol en pleine nuit et m’attaquer aux murs de la ville, de nuit de préférence, pour ne pas être surpris la main dans le sac et être inquiété par les autorités.
A : Vous avez choisi ‘Sneak’ comme nom d’artiste. Pourquoi ?
A A : En anglais ‘Sneak’ signifie ‘ se faufiler’. Ce pseudo me convient parfaitement puisque pour m’exprimer, je dois me faufiler et passer outre les autorisations afin de réaliser mes tags dans les espaces publics. Une façon de transgresser les règles. Un geste qui procure une sacrée dose d’adrénaline. Mon nom d’artiste, je l’écris de manière stylisée. On appelle cela le hand-style. Dans ce domaine, chaque tagueur possède sa propre touche.
A : Le tag ou le graff répond- t- il à un concept ? Qu’est-ce qui le motive ?
A A : C’est une philosophie qui induit l’idée de prendre possession d’un espace public et de se l’approprier. Je pense que les graffeurs sont les marqueurs de leurs temps au même titre que les écrivains ou les bâtisseurs.
A : Qu’est ce qui caractérise un graffeur ?
A A : C’est sa touche personnelle. Chaque gaffeur a sa propre gestuelle et sa propre signature. La manière dont il écrit son nom sur les murs ne ressemble à aucune autre.
A : Les mentalités sont- elles entrain de changer envers cet art nouveau chez nous ?
A A : Ces derniers temps, la calligraphie et le street- art sont de plus en plus présents dans notre société. Le regard des gens commence à changer par rapport à notre travail. Ce sont lesagences d’événementiel qui ont ouvert le bal, en s’intéressant à notre travail et en nous invitant à réaliser des performances pour animer des événements. Une flopée de graffeurs a commencé à émerger avec chacun un style particulier. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes font appel à nous pour décorer leurs intérieurs : maisons, restaurants, entreprises, boutiques, instituts de beauté… Le rendu est parfait lorsque nous ne sommes pas bridés par des commandes sur mesure et qu’on nous laisse carte blanche pour donner libre court à notre imagination et à notre créativité.
A : Quelle est votre opinion à propos de l’école Artissimo ?
A A : Brillantissime. Artissimo m’a accueilli pour deux ou trois performances. En plus de donner des cours d’art, cette école abrite les premiers pas des artistes. C’est l’un des établissements les plus influents de la capitale et peut être même du pays à mon sens.