KARIM SERGOUA. ARTISTE PLASTICIEN
KARIM SERGOUA. ARTISTE PLASTICIEN
A 56 ans, Karim Sergoua n’a pas fini d’explorer l’univers artistique. Fils spirituel de Denis Martinez comme lui-même le revendique, cet artiste plasticien a été influencé par le mouvement Aouchem. Carburant à mille à l’heure, Karim Sergoua met les bouchées doubles pour ne pas perdre une miette de vie : Une nouvelle expo en chantier, un rôle dans une série télé sur Canal plus, et peut être un retour à ses premières amours : le théâtre. Qui l’eut cru ? Chaud devant !
Artissimo : Comment avez-vous atterri sur la planète artistique ?
Karim Sergoua : Je vais vous filer un scoop. Une info en exclusivité ! Tout le monde pense que j’ai mis le pied à l’étrier par le biais du dessin ou de la peinture ! Que nenni ! Ma première vocation fut la scène. J’ai cumulé treize ans de théâtre durant mes années collège et lycée. Huit ans en amateur et cinq en professionnel. J’ai un diplôme délivré par le conservatoire d’El Biar. Par deux fois, j’ai décroché le prix d’interprétation masculine. Des prix remis successivement par Kateb Yacine et Mustapha Kateb.
A : Votre première orientation était la scénographie avant même le dessin.
K S : Tout petit j’ai affiché des dispositions pour le dessin. J’ai exercé mes prouesses sur les murs de la maison et les livres de ma sœur, ce qui m’a valu bien des taloches de la part de mes parents. A l’école primaire, j’ai participé à un concours organisé par la wilaya d’Alger. J’ai décroché le premier prix. En déballant le papier de mon cadeau, je découvrais, stupéfait, un coffret contenant un blaireau et une mousse à raser. Quelle déception pour le petit garçon de cinq ans que j’étais ! Le rasoir a servi à mon père. Afin d’atténuer ma frustration, ma sœur m’a acheté un petit présent de remplacement. (Rires).
A : Votre passion pour la scène et le dessin a accouché de ce qu’on appelle ‘la performance’, n’est ce pas ?
K S : Absolument ! Oui, la performance ou ‘le happening’ m’intéresse au plus haut point. Je suis un fervent admirateur d’Yves Klein, plasticien français qui multipliait ce genre d’action de rue en réalisant des peintures sur des corps nus. Ces performances sont revendicatrices et véhiculent toujours un message.
A: Dans votre travail d’artiste plasticien, vous revendiquez le retour à l’identité culturelle.
K S : Notre patrimoine culturel rural, africain et berbère constitue une véritable source d’inspiration pour moi. Tout ce qui a un lien avec nos traditions : henné, tatouage, hammam, zaouia, marabou me subjugue. Ces éléments sont porteurs d’émotion et de beauté esthétique. J’ai eu la chance de visiter l’Algérie en long et en large, en emportant dans ma tête, des pans entiers de ce patrimoine qui transparait dans mes toiles.
A : D’autres sources d’inspiration ?
K S : Oui. La vie quotidienne : Rue, taxi collectif, café, lieux désaffectés. J’aime les endroits qui racontent une histoire.
A : Votre dernière exposition intitulée Vendredi 13, s’est tenue à la galerie Sirius(Telemly). En tant qu’artiste plasticien, vous avez la réputation de préférer les expos extra-muros. Est-ce vrai ?
K S : Exact. D’ailleurs, j’accepte rarement d’exposer dans une galerie d’art. Je préfère les lieux peu conventionnels qui contrastent avec l’ambiance feutrée et lisse des galeries. Des friches, des espaces désaffectés, des lieux inattendus et insolites. L’une de mes expo s’est déroulée dans une villa en chantier…D’ailleurs j’ai comme projet d’organiser des expositions dans les galeries souterraines d’Alger….Je suis dans l’attente des autorisations pour concrétiser ce rêve.
A : Les peintres qui forcent votre respect ?
K S : Picasso, Yves Klein, Joseph Beuys, Robert Rauschenberg, Jacometti pour l’international. Chez nous, je voue une grande admiration à Denis Martinez mon prof et mentor, Mustapha Sedjal, Ali Silem, Choukri Mesli, Larbi Arezki, Rachid Necib, Abdelouahab Mokrani…
A : Si vous étiez un tableau, lequel choisiriez-vous d’être ?
KS : ‘Pluie, Vapeur et Vitesse’ de Turner. En anglais ‘Rain, Steam and speed’. Je pourrais regarder cette toile réalisée en 1844 et se trouvant à la National Gallery de Londres pendant des heures sans m’en lasser.
A : Plusieurs projets en chantier en ce moment Karim ?
KS : Ma vie est un tourbillon. Actuellement, je prépare ma prochaine expo, dirige des workshops et vais bientôt camper le rôle d’un assureur d’œuvres d’art dans une série télé sur Canal plus.
A : Comment avez-vous découvert Artissimo ?
K S : Depuis la création de cette école, je suis branchée ! J’y ai animé plusieurs ateliers et j’aime l’atmosphère artistique qui se dégage de ces espaces. Je trouve que l’école a fait d’énormes progrès depuis sa fondation. J’encourage Mme Baba, sa directrice à aller toujours de l’avant, comme elle sait si bien le faire !