MEHDI DJELIL ‘BARDI’ : Artiste-plasticien
MEHDI DJELIL ‘BARDI’ : Artiste-plasticien
Ses œuvres étonnent et détonnent. Des personnages monstrueux, des animaux flanqués de têtes d’humains, des hommes aux ventres bedonnants, des geysers de couleurs vives. Bienvenu dans l’univers étrange de Mehdi Djelil Bardi ! Né en 1985 à Makouda (Kabylie), Bardi (pseudo donné par son petit neveu) débarque à Alger en 2006. Il poursuit des études à l’Ecole supérieure des beaux- arts. Passionné par l’histoire de l’art, Bardi dévore des tonnes de livres qui parlent d’art. Rencontre avec un artiste qui cultive l’autodérision et la bonne humeur.
Artissimo : Qui vous a affublé du surnom de Bardi ?
Mehdi Djelil : Mon petit neveu, enfant espiègle et futé. Au moment de chercher un nom pour signer mes œuvres. Ça a fait tilt et je l’ai adopté.
A : Comment vous- êtes vous orienté vers l’art ?
M D : J’ai toujours eu un penchant pour le dessin. En témoigne l’album photo familial qui garde encore les séquelles de mes premiers essais. Je l’avais peinturluré avec le verni à ongle de ma mère. A Makouda, après une troisième tentative, j’ai enfin décroché mon bac. Le concours d’entrée à l’Ecole des beaux- arts d’Alger ne m’a pas réussi non plus. A la troisième fois, ça a fini par payer. Enfin j’allais pouvoir faire quelque chose de ma vie, moi le canard boiteux de ma fratrie. A la maison, tout le monde a fait de grandes études. J’allais cesser d’être idiot. C’était mon pari en mettant les pieds à l’école des beaux –arts, en 2006. J’ai usé mes fonds de culotte dans la bibliothèque en dévorant les ouvrages liés à l’histoire de l’art. J’avais du retard à rattraper. J’avais soif de culture. Théâtre, expositions, cinéma…je me suis ouvert à ce monde en découvrant la capitale, moi l’enfant de Makouda. Et je m’y suis jeté corps et âme en me promettant de ne plus jamais pleurnicher sur mon sort.
A : Comment avez-vous commencé à peindre ?
M H : J’ai commencé à peindre avant de réfléchir. En fait, je collecte tous les jours de la matière. Jean-Jacques Deluz, disait que l’inconscient est une usine d’énergie qui bosse et qu’il faut remplir avec des images. C’est un exercice de fond que j’ai mis en application dans mon travail.
A : Quand Bardi a-t-il rencontré Mehdi ?
B D : Bardi a pointé le bout du museau en 2012. Depuis, il ne quitte plus Mehdi.
A : Est-ce qu’il vous est difficile de vous séparer d’une toile, lors d’une vente par exemple ?
B D : Non. J’estime qu’une fois créees, mes œuvres ne m’appartiennent plus. Elles ont le droit d’aller vivre ailleurs.
A : Vous peignez à l’acrylique essentiellement. Et vos toiles sont très colorées ? Pourquoi ces tons vifs ?
B D : On vit une époque où l’actualité est moribonde. La tristesse est visible partout. Par ma palette de couleurs, j’espère mettre du peps dans cette grisaille. Je sens que j’ai une certaine responsabilité vis-à-vis du public qui vient visiter mes expos. Je veux lui offrir une bouffée d’oxygène !
A : Quels sont les peintres qui forcent votre admiration ?
M D : Je suis admiratif des grands hommes qui ont marqué leur époque de façon générale. Dans le domaine de l’art, mes préférés sont Jean-Michel Basquiat, Krijn de Koning, Pablo Picasso…
A : Vos œuvres ne portent pas de titre, pourquoi ?
M D : Je pense que les mots sont dangereux. Ils cloisonnent. Je laisse le public décider lui même des titres de mes toiles.
A : Qu’est ce que l’art ne doit pas être selon vous ?
M D : L’art ce n’est pas l’affaire du ministère de la culture ou de l’état. C’est l’affaire de l’homme, de l’humain, du cosmique. Moi, je ne veux en aucun cas rentrer dans le moule. Je suis un atome libre.
A : Votre plus grand rêve ?
M D : Marquer l’histoire de l’art universelle. Je ne veux pas passer inaperçu.
A : Comment vous vient l’inspiration ?
M D : Par le délire. Pour moi peindre c’est délirer sur les arbres, les étoiles, l’histoire du monde… L’inspiration arrive quand le langage s’arrête et que le questionnement commence.
A : En dehors de votre peinture de quoi vivez-vous ?
M D : Comme il faut bien remplir le frigo, je travaille comme habilleur- costumier dans des productions cinématographiques et dans la pub.
A : Qu’est ce qu’Artissimo évoque pour vous ?
M D : C’est l’école qui a accepté d’abriter la première édition de l’expo Picturie générale en 2013, évènement auquel j’ai participé. Un souvenir inoubliable dans ce bel appartement avec un public venu en force pour découvrir une nouvelle forme d’art. Des visiteurs qui nous ont dit ‘Merci beaucoup’. Et pour moi le début d’un rêve !