MOURAD KRINAH. Graphiste et plasticien
MOURAD KRINAH. Graphiste et plasticien
Diplôme de l’Ecole supérieure des beaux arts d’Alger (spécialité design graphique), Mourad Krinah (40 ans) travaille comme graphiste en freelance. Cet artiste de talent a participé à une kyrielle d’expositions en Algerie et à travers le monde : France, Italie, Maroc, Sénégal, Etats unis, Afrique du Sud… Mourad est un créatif. Il détourne des photographies qui ont fait le buzz dans les médias, pour nous les montrer sous un autre angle. Rencontre.
Artissimo : Trois ans d’études en biologie avant de changer de cap, ça ne s’invente pas !
Mourad Krinah : Après le bac, je me suis inscrit en biologie à l’université de Bab Ezzouar. Au bout de trois ans, j’ai dû me rendre à l’évidence. Une carrière de biologiste ne m’inspirait guère. En 1999, j’ai passé le concours d’entrée à l’Ecole supérieure des beaux arts. En 2006, j’en ressortais, mon diplôme de design graphique en poche.
A : Enfant, aviez-vous des prédispositions pour le dessin ?
M K : Dès l’âge de 3 ans je dessinais sur tous les supports qui se présentaient à moi. Les murs de la maison n’ont pas échappé à mes prouesses artistiques. Cela m’a d’ailleurs valu de bonnes taloches. Avec mon frère doué aussi pour le dessin, on était en pleine compétition. J’étais très attiré par les images que je voyais à la télévision ou dans les livres. Je reproduisais à l’envie des personnages de bandes dessinées. Mes parents m’encourageaient en m’achetant des boites d’aquarelles et de crayons de couleurs.
A : Cette passion pour le dessin a-t-elle continué ?
M K : Elle ne s’est jamais tarie. A l’adolescence je réalisais les portraits de mes acteurs et chanteurs préférés. Très jeune j’étais captivé par les clips vidéo, les films et les images dans les magazines. C’est ce qui a nourri mon travail d’aujourd’hui.
A : Quelles sont les techniques que vous utilisez dans votre travail de graphiste plastique ?
M K : Mon premier matériau c’est la photo. Une image relayée par les medias et qui fait le buzz. Puis avec l’outil informatique (logiciels, Photoshop…) j’y ajoute mon grain de sel. Je me réapproprie ces icônes et les retouche en y ajoutant des textes. Je leur donne une autre dimension : ironique, politique ouautre. L’idée c’est de provoquer une réflexion chez les spectateurs que nous sommes et de nous faire réagir face à ce flot d’images dont les médias nous bombardent à longueur de journée.
A : Dans le domaine de l’art, qui a orienté votre carrière ?
M K : Denis Marinez. Je l’ai beaucoup côtoyé et j’ai énormément appris à son contact. C’est un personnage impressionnant par sa culture, sa vision des choses. Il m’a ouvert les yeux sur la façon de pratiquer notre métier. A ma liste s’ajoute Amar Bouras. C’était mon prof de photo à l’Ecole supérieure des beaux arts. Il était le premier à avoir mélangé la photo, la vidéo et la peinture dans les années 80. Ce mix de techniques et de supports a beaucoup influencé mon travail.
A : Aujourd’hui vous travaillez en freelance.
M K : Oui je travaille entre autres avec plusieurs maisons d’édition : Design, mise en page, retouche photo, couverture…Je réalise également des affiches d’expositions, catalogues…
A : Comment avez-vous découvert Artissimo ?
M K : Du temps où j’étais étudiant, j’assistais aux débats, conférences et spectacles qu’abritait cette école. En 2013, j’avais avec un groupe d’amis artistes, monté un projet. Nous étions à la recherche d’un espace pour abriter la première édition d’une expo baptisée : Picturie Générale. Nous ne voulions ni d’une galerie ni d’un espace institutionnel. En soumettant cette idée à Zaphira Baba, directrice de cette école, elle nous a spontanément dit oui. C’est ainsi que la première édition de’ Picturie Générale’ a vu le jour dans les locaux d’Artissimo en 2013.
A : Un souvenir par rapport à Artissimo ?
M K : Pendant les quelques jours qui ont précédé l’expo’ Picturie Générale’, Artissimo avait des airs de champ de bataille : perceuse, clous, marteaux…Quelques heures avant le vernissage, le bazar était encore visible. Armés de serpillières, chiffons et balais, nous nous sommes dépêchés mes comparses et moi de nettoyer ces écuries d’Augias avant l’arrivée des invités. Une inoubliable ambiance mêlée de fous rires et d’excitation me reste en souvenir.
KATIA SABRI