

Samir Toumi
Samir Toumi
Après des études d’ingénieur à l’Ecole Nationale Polytechnique d’El Harrach puis à l’Ecole des Mines de Nancy, Samir Toumi fonde sa propre entreprise de consulting dans le domaine des ressources humaines, au cœur d’Alger centre (Square Port Said). Amoureux des arts, ce journaliste, chroniqueur et écrivain a créé au sein même de sa société, ‘La Baignoire’ : un espace à détourner pour la cohabitation de deux mondes qui habituellement se tournent le dos : l’art et l’entreprise. ‘La Baignoire’ abrite régulièrement des événements culturels : expositions photos et peinture, installations, ateliers de lecture… Rencontre
Artissimo : Comment vous est venue l’idée de créer ‘La Baignoire’ ?
Samir Toumi : ‘La Baignoire’ n’est ni une galerie d’art ni un lieu culturel. C’est un concept d’espace partagé qui propose au monde de l’entreprise de coexister avec la sphère culturelle dans divers modes d’expression : photos, peinture, installation, lecture… ‘La Baignoire’ est un espace de partage qui aide à révéler de jeunes talents dans le domaine de l’art contemporain Made in Algeria.
A : La Baignoire a abrité les expos de jeunes pépites. Comment s’effectue votre choix ?
S T : Je fonctionne au feeling et au coup de cœur. Je suis tout d’abord un amoureux de l’art contemporain. J’achète pas mal d’œuvres dont certaines ornent les murs de ma société. Je mets en lumière des artistes de la scène artistique de l’art contemporain, qui commencent à gagner en visibilité à l’international mais qui sont ignorés par les organismes culturels institutionnels de notre pays à l’exemple du photographe OussamaTabti dont une œuvre se trouve dans un musée de Barcelone, Yasser Ameur’ L’homme jaune’, Walid Bouchouchi, Mahdi Bardi Djellil, Mourad Krineh … Tous ces jeunes talents se sont détachés de l’institutionnel parce qu’ils n’ont pas trouvé d’interlocuteur.
A : Vous êtes en faveur du déplacement des expositions dans des espaces alternatifs, loin des sacro- saints musées.
S T : Traditionnellement les œuvres sont exposées dans un musée ou une galerie. Je ne sais plus qui a dit : « Les musées et les galeries sont les cimetières des œuvres ». L’alternatif consiste justement à occuper un espace public : rue, placette, jardin, marché désaffecté, entreprise …En un mot, un lieu dont ce n’est pas la première vocation.
A : De plus en plus d’artistes de la jeune scène sont à la recherche d’espaces décalés pour exposer leurs œuvres. Pourquoi à votre avis ?
S T : D’abord, il y a un déficit criard en matière de galeries dans la capitale. Par ailleurs, les artistes de la nouvelle génération ne se retrouvent pas du tout dans la culture institutionnelle.
A : Samir, si vous étiez un tableau, lequel seriez vous ?
S T: ‘ L’infante Ines’ de Diego Velasquez, un peintre baroque du 17 e siècle. Ses portraits me remuent les tripes et en particulier ‘L’infante Ines’ que j’ai découvert durant mon enfance. Deux autres peintres, de la même lignée, me touchent : Lucian Freud et Balthus. Tous ces peintres ont un dénominateur commun. Ils ont su, à travers leurs portraits, capter toute la complexité de l’âme humaine. C’est assez violent parfois mais tellement beau !
A : Vous avez été à l’origine de la délocalisation de la 3 eme édition de ‘ Picturie Générale’ dans un espace alternatif : la friche Volta. Rappelons que la première édition a été organisée à Artissimo.
S T : Oui. Ce supermarché désaffecté (ex -Souk El Fellah) de la rue Volta appartient à un chef d’entreprise. Je lui ai parlé du désir de 23 jeunes d’exposer leurs œuvres et de leur difficulté à trouver un lieu alternatif. Il a donné son aval. Cette friche abritera d’autres événements culturels.
A : Des projets en cours de réalisation ?
S T : Mon deuxième roman à publier, après le premier ‘Alger le Cri’ et d’autres expositions à organiser à ‘La Baignoire’ dont celle de photos inédites sur des lieux de détentions en Algérie. Mais chut ! Je n’en dirai pas plus !
A : Samir, vous souvenez vous de la premier fois où vous avez foulé le sol d’Artissimo ?
S T : Absolument ! C’était en 2005. Je venais m’inscrire à la chorale de cet établissement. Deux choses sont restées gravées dans mes souvenirs. Le sourire resplendissant de Zafira, la directrice d’Artissimo et la beauté de ce grand appartement. J’ai trouvé cela génial. Cette impression est toujours présente chaque fois que je me rends à Artissimo. Et je trouve que la démarche de Zaphira est courageuse. C’est un combat au quotidien de faire vivre un espace culturel pareil.
A : Un autre souvenir peut- être ?
S T : Les fous rires et la bonne ambiance qui régnaient durant les cours de chorale, sous la houlette de Djamel Ghazi. Il nous apprenait à chanter. Nous préparions les spectacles de fin d’année avec beaucoup d’effervescence. On a même chanté dans une ambassade ! Toute une époque ! Inoubliable et heureuse !
Katia Sabri
PUPITRES D’ARTISSIMO 2018 “Alger, histoires de lieux, histoires de vies”
PUPITRES D’ARTISSIMO 2018 “Alger, histoires de lieux, histoires de vies”
L’espace Artissimo dans sa mission de promotion du dialogue autour de l’art et de la culture propose tous les derniers Vendredis du mois, des conférences-débats dont les thèmes sont liés aux questionnements qui se posent à notre société ainsi qu’à l’actualité du moment.
Durant la saison 2018, nous sommes allés à la découverte de l’histoire d’Alger à travers ses édifices, ses monuments, ses quartiers, ses personnalités emblématiques et ses légendes. Nous avons fait ressortir les trésors insoupçonnables que recèlent cette ville qui bouge, palpite et vibre.
Les Pupitres d’Artissimo ” Alger, histoires de lieux, histoires de vies”se sont déclinés en une série de cinq conférences mensuelles ayant mis l’accent sur le patrimoine algérois. Des thématiques telles que l’intimité, l’amour, la spiritualité, la culture ou la douleur ont été abordés et ont suscités débat et vives discussions avec intervenants et public présent.
Ces pupitres ont été animés par une pléthore d’intellectuels – historiens, sociologues, psychologues, anthropologues, philosophes et artistes. Des citoyens qui portent cette ville dans leur cœur y ont aussi participés et ont témoignés d’histoires vécues, anciennes ou contemporaines.
Initié en 2016, le concept des pupitres d’Artissimo se veut être un temps de rencontres, d’échanges et de dialogues autour de sujets d’ordres culturels qui questionnent notre société et qui titillent nos esprits. Cette initiative est née grâce aux centaines de personnes qui ont gravité autour d’Artissimo depuis 18 années et qui ont contribué par leurs savoirs, expertises, amitiés et passions, à construire l’identité d’Artissimo dont l’une des principales missions est la transmission.
Les Pupitres d’Artissimo ” Alger, histoires de lieux, histoires de vies”se sont déclinés en une série de cinq conférences mensuelles ayant mis l’accent sur le patrimoine algérois. Des thématiques telles que l’intimité, l’amour, la spiritualité, la culture ou la douleur ont été abordés et ont suscités débat et vives discussions avec intervenants et public présent.
Ces pupitres ont été animés par une pléthore d’intellectuels – historiens, sociologues, psychologues, anthropologues, philosophes et artistes. Des citoyens qui portent cette ville dans leur cœur y ont aussi participés et ont témoignés d’histoires vécues, anciennes ou contemporaines.
Initié en 2016, le concept des pupitres d’Artissimo se veut être un temps de rencontres, d’échanges et de dialogues autour de sujets d’ordres culturels qui questionnent notre société et qui titillent nos esprits. Cette initiative est née grâce aux centaines de personnes qui ont gravité autour d’Artissimo depuis 18 années et qui ont contribué par leurs savoirs, expertises, amitiés et passions, à construire l’identité d’Artissimo dont l’une des principales missions est la transmission.
Gerard Mayen et Eric Bijon « Il y a toujours un peu de soi lorsqu’on écrit »
Gerard Mayen et Eric Bijon « Il y a toujours un peu de soi lorsqu’on écrit »
Gerard Mayen et Eric Bijon
« Il y a toujours un peu de soi lorsqu’on écrit »
Gérard Mayen est auteur-compositeur-interprète. Il dirige le projet Motszique avec Eric Bijon, musicien, et deux autres artistes. Ils nous racontent la naissance de l’atelier et nous livrent leur approche pour aider les participants à écrire des chansons, en puisant en eux les ressources inépuisables de l’émotion.
Pouvez-vous nous résumer le concept en quelques mots ?
Gérard Mayen : Le concept de Motszique qui s’écrit en un seul mot et compte deux termes, c’est vraiment mettre ensemble des mots et de la musique pour créer des chansons. Nous le faisons dans un cadre international pour la promotion de la francophonie, pour permettre en principe à des enseignants de développer une approche pédagogique en utilisant la chanson, mais aussi avec d’autres groupes, comme ici à Alger, avec des personnes qui n’ont pas spécialement de pré-requis. Après une semaine de travail, les participants sont capables de créer des chansons.
Comment et quand est né Motszique ?
Gérard Mayen : Très bonne question ! L’idée de départ était de partager l’envie d’écrire et l’envie de chanter. De là, je me suis dis, pourquoi ne pas aller plus loin ! Nous voulions donc travailler avec de jeunes poètes et des jeunes musiciens pour, les faire travailler ensemble. Nous n’avons jamais eu l’occasion de le faire sous cette forme là, c’est peut être trop compliqué. Nous avons donc combiné l’approche commune entre les mots et la musique pour en faire cet atelier et nous l’avons amélioré au fur et à mesure.
Motszique est né en 2009, à Rabat au Maroc. Nous sommes partis un peu à l’abordage, nous avions écrit beaucoup de chose mais nous ne savions pas comment ça allaient se passer. L’atelier s’est réalisé avec des femmes enseignantes. Six mois plus tard, le projet a débouché sur une représentation à la Bibliothèque Royale de Rabat. C’était un moment fort en émotions et en écriture : ces femmes qui, pour la plupart n’étaient jamais rentré dans une salle de spectacle, étaient assises au premier rang et écoutaient leurs textes devenir des chansons… nous étions quatre sur scène à jouer et interpréter les morceaux. C’était l’un des plus beaux moments que nous avons eu.
Elles n’ont pas interprété leurs chansons ?
Gérard Mayen : Non, en fait, tout le monde ne va pas forcément chanter, la priorité reste l’écriture, puis la présentation des textes sur scène. Certains vont juste les lire, ou pas. Si non, nous sommes là pour les interpréter.
Et pour revenir à Motszique phase 2 à Alger, quel en est l’objectif ?
Gérard Mayen : L’idée dans cette deuxième phase est d’aller vers un niveau de professionnalisation sur scène. Les participants vont apprendre comment on se prépare, comment on joue… Le groupe a un peu changé, certains ne pouvaient pas poursuivre pour des impératifs professionnels ou parce qu’ils sont étudiants, donc il y a des nouveaux avec qui nous allons travailler, monter quelque chose en une semaine.
Vous avez gardé le contact avec les participants entre les deux ateliers ?
Gérard Mayen : Evidemment, nous les avons même incité à se voir entre eux, à continuer à travailler et à échanger. Et nous utilisons ce qu’ils ont fait pendant cette deuxième phase.
Quels sont les autres villes qui ont accueillis Motszique ?
Gérard Mayen : En dehors de Rabat et d’Alger, nous avons eu à travailler en Saone-et-Loire où une salle de spectacle nous avait invité. Il se trouve que cette salle est jumelée avec un bâtiment d’accueil pour personnes âgées, une porte les sépare ! Nous avons donc animé un atelier avec les résidents de l’hospice et des élèves d’une école autour du transfert de la mémoire et de l’intergénérationnel. Le spectacle s’appelle méli-mélo dits, il se base sur des comptines écrites par les enfants et des histoires de vie collectées auprès des anciens. Accompagnés d’un orchestre de jeunes musiciens, les enfants déroulaient les couleurs de l’arc en ciel pour créer un « passage » entre les nouveaux et les anciens. Nous en avons fait un film, et nous préparons un livre avec DVD et CD pour 2014.
Eric a de son côté travaillé dans une unité de maternité qui accueille des mamans en difficulté.
Eric Bijon: Il s’agissait de faire travailler ces mamans sur des comptines qu’elles écrivent pour leurs bébés. C’était très émouvant et très utiles pour elles.
Gérard Mayen : Nous avons également travaillé sur d’autres projets qui ne portent pas spécialement le label Motszique mais qui partent toujours du même principe. Et nous avons eu des contacts à Madagascar où nous espérons également animer un atelier Motszique prochainement.
Est-ce que vous avez un secret pour faire écrire les participants ?
Gérard Mayen : Il n’y a pas de secret, nous sommes juste à leur écoute, nous les mettons en confiance. Nous les aidons à découvrir le potentiel d’écriture qui est en eux et nous les motivons beaucoup.
Eric Bijon : Il y a un coté émotionnel lorsqu’on écrit, il y a toujours un peu de soi, de sa propre histoire. Le fait d’être là, de les accompagner et de les écouter, ils arrivent à transcender leurs blocages et à aligner de belles choses sur papier.
Certains nous disaient qu’ils sont incapables d’écrire, ils repartaient avec un cahier noir d’écriture et ils ne pouvaient plus s’arrêter d’écrire !
C’est beaucoup de rigueur sur un temps assez limité. Nous savons dès le premier jour qui va rester et qui ne reviendra pas. Mais généralement, ils sont très nombreux à rester ! Et ce qui est formidable c’est que certains reproduisent ce qu’ils ont apprit pendant l’atelier dans leurs classes d’école, l’objectif est atteint !
TAREK ATRISSI. Designer graphique libano-néerlandais
TAREK ATRISSI. Designer graphique libano-néerlandais
Célèbre designer graphique, spécialisé dans la typographie dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), le libano-néerlandais Tarik Atrissi (37 ans) était à Alger, les 12 et 13 Avril dernier, pour donner une conférence et assurer un atelier pour des étudiants en design graphique, à l’initiative de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas en Algérie, au niveau du centre ‘Sylabs’, à Alger. Le conférencier international a axé son workshop autour du thème « Le graphique design de la topographie arabe d’aujourd’hui » avec un focus sur le lettrage arabe. Artissimo l’a rencontré pour vous.
Artissimo : Pouvez vous nous parlez de votre parcours ?
Tarek Atrissi : Je suis né au Liban en 1978. J’ai grandi dans la ville du cèdre et étudié le graphique design à l’Université américaine de Beyrouth. J’ai enchainé avec un master d’art ‘interactive multimédia’ aux Pays- Bas avant de m’inscrire pour un autre master à New York- School Visual Art- J’ai eu comme enseignants des personnages de renom comme Steven Heller, Paula Scher, Stefan Sogmeister… Après ces études, je me suis installé aux Pays- Bas où j’ai créé mon propre studio de design me spécialisant dans la typographie arabe moderne. J’ai également lancé un deuxième bureau à Barcelone. Avec mon équipe, nous développons de nombreux projets dans le cadre du Branding, de la conception de logos et du Masthead design. Nous créons pas mal de typographies bilingues (lettres arabes ou latines) pour de nombreux organismes partout dans le monde.
Artissimo : Pourquoi avoir choisi la typographie arabe ?
T A : La typographie arabe est inspirée par la tradition calligraphique musulmane. L’utilisation visuelle des lettres en communications fait partie de notre culture. Dans le passé, la calligraphie arabe était très riche. Ensuite, elle a accusé un retard. J’ai observé qu’il y avait un manque et une faiblesse au niveau graphique dans les pays arabes, d’où ma motivation pour investir ce créneau. L’image du monde arabe est souvent écornée et mal représentée. Il est important de développer notre langage graphique local dans le monde arabe d’une manière contemporaine.
A : Quelles sont les institutions qui font appel à vos services ?
T A : Des organismes tels que le musée d’art moderne à Qatar, le musée Victoria And Albert et le musée V&A de Londres… Nous avons aussi réalisé la typographie de la BBC, du journal Jordanien Al-Ghad, du métro de Riad en Arabie Saoudite et certaines chaînes de télévisions arabes comme El Jazeera, pour ne citer que ceux là. Nous avons des clients partout dans le monde, en Europe, aux USA et dans la région Mena.
A : D’où puisez-vous votre inspiration ?
T A : Essentiellement de mes voyages. Là où la topographie arabe est présente. J’ai visité la plus part des pays arabes à l’exception du Yémen et de l’Egypte. Je viens de découvrir Alger pour la première fois. Je me suis baladé à travers ses rues, appareil photo au poing, et j’ai photographié les panneaux de signalisation de la ville. Pour moi, le graphisme urbain est une source intarissable d’inspiration.
A : Quels sont vos outils de travail ?
T A : Je n’ai besoin que d’un crayon, une feuille de papier et d’un ordinateur.
A : Connaissez-vous Artissimo ?
T A : En arrivant à Alger j’ai entendu parler de cette école. J’ai été agréablement surpris de découvrir qu’il existait un établissement où l’on côtoie l’art sous toutes ces facettes et qui réunit aussi bien les petites que les grands. Je souhaite longue vie à Artissimo.
Katia Sabri
L’ENFANT JAZZ, de Mohammed Dib, adapté en spectacle et présenté à Artissimo par la compagnie du théâtre d’Illusia (France)
L’ENFANT JAZZ, de Mohammed Dib, adapté en spectacle et présenté à Artissimo par la compagnie du théâtre d’Illusia (France)
Les yeux des enfants présents à ce spectacle de marionnettes donné à Artissimo le 17 Mai dernier brillaient de mille étoiles. La projection d’images sur un écran mobile ainsi que le jeu de ‘l’enfant jazz’, la marionnette, a captivé les petits lutins. Dans l’assistance Catherine Dib, la fille de Mohammed Dib, émue de voir le recueil de poème ‘L’enfant Jazz’, de son illustre père si bien mis en scène par Marjia Mukanen, une marionnettiste franco finlandaise accompagnée par sa troupe : Jean Christophe Canivet (comédien et marionnettiste) et Boualem Bengueddach, marionnettiste-manipulateur. Ce spectacle a été joué lors du festival mondial de la marionnette au Théâtre de Charleville-Mézières, en France, en Septembre 2015. Rencontre.
CATHERINE DIB:
Artissimo : Comment le projet de remettre au goût du jour un poème de votre père, le célèbre écrivain Mohammed Dib a-t-il vu le jour ?
Catherine Dib : C’est l’idée de Maria Nykanem. Elle a entendu parler de l’association Mohammed Dib que j’ai crée avec des amis en 2014, et m’a contactée par E-mail pour me proposer de créer un spectacle de marionnettes à partir de ce texte. On s’est ensuite rencontrées et sommes très vite devenues amies. Bien sûr, l’idée m’a immédiatement séduite. Marja a adapté le texte de mon père au théâtre. Son époux Jean Christophe Canivet a réalisé le décor ainsi que la marionnette de l’Enfant Jazz.
A : L’enfant Jazz est un livre de poèmes. Qui est l’auteur des illustrations ?
C D : Les dessins sont des calligraphies de Rachid Koraichi. L’enfant Jazz est un texte intemporel qui parle de l’enfance. Mon père accordait énormément d’importance à l’enfance parce que les enfants, plus encore que les adultes, sont sensibles à la poésie.
A : Que pensez-vous de l’établissement Artissimo ?
C D : L’accueil de la directrice me va droit au cœur. Je suis tellement admirative de cet espace où grands et petits s’épanouissent à travers une multitude d’activités artistiques.
MARJA NYKANEN:
A : Vous êtes marionnettiste et metteur en scène. Est-ce que c’est votre première venue en Algérie ?
M N : Je viens du Théâtre d’Illusia (France). C’est une troupe franco-finlandaise qui se produit un peu partout dans le monde. C’est ma troisième visite en Algérie.
A : Ce spectacle met en scène une marionnette : l’enfant jazz, figurine inspirée du livre de poèmes de Mohamed Dib. Le spectacle parle de guerre et de paix, un sujet qui reste d’actualité.
M N : Effectivement. D’ailleurs, il y a quelques mois, je l’ai joué en France pour des refugiées syriens. Je pense que c’est un texte qui permet un échange entre les adultes et les enfants sur la thématique de la guerre.
A : Allez- vous continuer à présenter ce spectacle crée par vous-même ?
M N : L’enfant jazz symbolisé par une marionnette confectionnée par mon époux Jean Christophe Canivet aura une longue vie, encore ! (rires)
BOUALEM BENGUEDDACH :
A : Vous êtes manipulateur de marionnettes. Vous vous occupez de la régie lors de ce genre de spectacle.
B B : Oui, je fais ce métier depuis une trentaine d’années. J’ai suivi des troupes dans plusieurs pays pour présenter des spectacles.
A : Que vous inspire le fait de rendre hommage à un grand écrivain comme Mohammed Dib, à travers ce spectacle théâtral ?
B B : Mohammed Dib est un des plus grands écrivains de la littérature algérienne. Le faire découvrir aux plus petits est une excellente initiative.
A : Vous vivez en France. C’est la première fois que vous découvrez l’école Artissimo. Que pensez-vous de cet établissement ?
B B : j’ai vu toute cette ambiance de jeunes et moins jeunes qui suivent des cours de musique, de danse, de photo et je me suis dit ‘c’est chouette qu’une école pareille puisse exister en plein cœur d’Alger !’
Katia Sabri
HOCINE BOUKELLA, LEADER DE CHEIKH SIDI BEMOL
HOCINE BOUKELLA, LEADER DE CHEIKH SIDI BEMOL
‘El Bandi’ ‘Blues Bouzenzel’,’ Makayen Walou Khir men l’amour’…les chansons de Hocine Boukella alias Cheikh Sidi Bemol sont sur toutes les lèvres. Après des études en biologie à l’université de Bab Ezzouar, Hocine Boukella a rangé éprouvettes et microscopes au placard, pour endosser le costume de chanteur. Installé en France, l’artiste crée un groupe baptisé Cheikh Sidi Bemol en 1992, et se lance dans une carrière de musicien – chanteur. Le succès est au rendez- vous. Rencontre avec ce musicien, chanteur, compositeur, parolier, graphiste et illustrateur. Que du bonheur !
Artissimo : Hocine, dans une autre vie, vous avez travaillé comme comptable. Comment passe- t- on d’une calculette à une guitare?
Hocine Boukella : Jeune, je me cherchais encore. Au lycée, les études commençaient à m’ennuyer. Je voulais faire autre chose. Quand un stage de comptabilité de Sonatrach, à Hassi Messaoud s’est présenté à moi, j’ai sauté sur l’occasion. J’ai quitté le lycée Idrissi à Alger. Direction le sud où j’ai travaillé dans le domaine des chiffres pendant un certain temps. A cette époque, si on m’avait dit que je ferai carrière en tant que musicien, j’aurai bien rigolé !
A : Mais ensuite, vous avez passé le bac.
H B : Après cette courte parenthèse professionnelle, j’ai pris des cours du soir et j’ai passé mon bac. Diplôme en poche, je me suis inscrit en biologie à la Fac de Bab Ezzouar. Je passais plus de temps, sur le gazon de ce campus à gratter la guitare avec des potes, qu’à l’intérieur de l’amphi. Blues, rock, chaabi, ganoua…L’ambiance était au top ! (rires)
A : Vous êtes aussi caricaturiste, illustrateur et graphiste. Avez-vous suivi des cours dans ce domaine ?
H B : Non. Dessiner pour moi est une passion. C’est un don qui m’est tombé du ciel. Je suis dessinateur autodidacte. J’ai toujours rêvé de fréquenter l’Ecole des beaux-arts d’Alger, mais le destin m’a mis sur une autre route. A mon arrivée en France, en 1985, j’ai travaillé en tant que dessinateur : illustrateur de presse, affiches, pochettes d’album, graphisme…
A : Vous continuez à dessiner ?
H B : Je n’ai pas raccroché avec cette passion. Je publie mes dessins on line, sur un blog : Zembrek. J’aime raconter des histoires en dessinant.
A : Comment vous êtes- vous ouvert à la musique ?
H B : Dans les années 70, j’étais continuellement branché sur Radio Alger Ch3. Les programmes étaient très éclectiques : émissions de rock alternatif, de jazz, de musique classique, de poésies ‘malhoun’…J’étais accro. Par ailleurs, ma jeunesse a été bercée par les fêtes et mariage, lors des vacances d’été au bled, à Bouzguene. Le Tbal, la gaita, les chants…A Alger, c’était l’époque où les cérémonies étaient célébrées sur les terrasses. J’ai ainsi assisté à de mémorables soirées chaabi. Tout cela se cristallise dans mes chansons aujourd’hui.
A : Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez joué d’un instrument ?
H B : Je devais avoir 7 ans. Mon frère aîné Nacer avait rapporté une guitare à la maison. J’ai gratté quelques notes. C’était magique !
A : Comment vous êtes-vous lancé dans la chanson et comment l’idée de Cheikh Sidi Bemol, le nom de votre groupe, crée en 1992 a-t-elle germée ?
H B : A l’époque, j’écrivais des chansons et je cherchais désespérément un interprète. De guerre lasse et n’ayant trouvé aucun chanteur qui accepte d’interpréter mes textes, je me suis jeté à l’eau. J’ai crée le groupe Cheik Sidi Bemol, inspiré de l’étiquette de la bouteille de vin Sidi Brahim, qui me plaisait bien. C’est ainsi que tout a démarré !
A : Les paroles de vos chansons sont drôlissimes. Vous cultivez un certain humour qui est votre marque de fabrique.
H B : Il y a un truc que j’adore chez les Algériens : leur humour. Je trouve que cette autodérision est unique au monde. Un humour profond, qui fait office de philosophie de vie. C’est ce que j’essaye de transmettre à travers mes chansons.
A : Quel est le chanteur algérien qui vous a le plus marqué ?
H B : Hadj M’rizek.
A : Et à l’international ?
H B : Incontestablement, le groupe de rock britannique, Jethro Tull.
A : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
H B : J’ai deux projets en parallèle : la composition de chants antiques algériens pour une pièce théâtrale et le deuxième volume de ‘Gourbi Rock’.
A : Connaissez-vous Artissimo :
H B : Je découvre cette école grâce à cette interview. Un établissement qui cultive un terreau fertile en culture, moi j’applaudis des deux mains. La démocratisation de l’art, c’est très important pour la société.
A : Vous avez chanté ‘Makayan Walou Khir men l’amour’, vous le pensez vraiment ?
H B : Ouiiiii. Et de plus en plus d’ailleurs ! L’amour, c’est le carburant de la vie !
Katia Sabri
KARIM SERGOUA. ARTISTE PLASTICIEN
KARIM SERGOUA. ARTISTE PLASTICIEN
A 56 ans, Karim Sergoua n’a pas fini d’explorer l’univers artistique. Fils spirituel de Denis Martinez comme lui-même le revendique, cet artiste plasticien a été influencé par le mouvement Aouchem. Carburant à mille à l’heure, Karim Sergoua met les bouchées doubles pour ne pas perdre une miette de vie : Une nouvelle expo en chantier, un rôle dans une série télé sur Canal plus, et peut être un retour à ses premières amours : le théâtre. Qui l’eut cru ? Chaud devant !
Artissimo : Comment avez-vous atterri sur la planète artistique ?
Karim Sergoua : Je vais vous filer un scoop. Une info en exclusivité ! Tout le monde pense que j’ai mis le pied à l’étrier par le biais du dessin ou de la peinture ! Que nenni ! Ma première vocation fut la scène. J’ai cumulé treize ans de théâtre durant mes années collège et lycée. Huit ans en amateur et cinq en professionnel. J’ai un diplôme délivré par le conservatoire d’El Biar. Par deux fois, j’ai décroché le prix d’interprétation masculine. Des prix remis successivement par Kateb Yacine et Mustapha Kateb.
A : Votre première orientation était la scénographie avant même le dessin.
K S : Tout petit j’ai affiché des dispositions pour le dessin. J’ai exercé mes prouesses sur les murs de la maison et les livres de ma sœur, ce qui m’a valu bien des taloches de la part de mes parents. A l’école primaire, j’ai participé à un concours organisé par la wilaya d’Alger. J’ai décroché le premier prix. En déballant le papier de mon cadeau, je découvrais, stupéfait, un coffret contenant un blaireau et une mousse à raser. Quelle déception pour le petit garçon de cinq ans que j’étais ! Le rasoir a servi à mon père. Afin d’atténuer ma frustration, ma sœur m’a acheté un petit présent de remplacement. (Rires).
A : Votre passion pour la scène et le dessin a accouché de ce qu’on appelle ‘la performance’, n’est ce pas ?
K S : Absolument ! Oui, la performance ou ‘le happening’ m’intéresse au plus haut point. Je suis un fervent admirateur d’Yves Klein, plasticien français qui multipliait ce genre d’action de rue en réalisant des peintures sur des corps nus. Ces performances sont revendicatrices et véhiculent toujours un message.
A: Dans votre travail d’artiste plasticien, vous revendiquez le retour à l’identité culturelle.
K S : Notre patrimoine culturel rural, africain et berbère constitue une véritable source d’inspiration pour moi. Tout ce qui a un lien avec nos traditions : henné, tatouage, hammam, zaouia, marabou me subjugue. Ces éléments sont porteurs d’émotion et de beauté esthétique. J’ai eu la chance de visiter l’Algérie en long et en large, en emportant dans ma tête, des pans entiers de ce patrimoine qui transparait dans mes toiles.
A : D’autres sources d’inspiration ?
K S : Oui. La vie quotidienne : Rue, taxi collectif, café, lieux désaffectés. J’aime les endroits qui racontent une histoire.
A : Votre dernière exposition intitulée Vendredi 13, s’est tenue à la galerie Sirius(Telemly). En tant qu’artiste plasticien, vous avez la réputation de préférer les expos extra-muros. Est-ce vrai ?
K S : Exact. D’ailleurs, j’accepte rarement d’exposer dans une galerie d’art. Je préfère les lieux peu conventionnels qui contrastent avec l’ambiance feutrée et lisse des galeries. Des friches, des espaces désaffectés, des lieux inattendus et insolites. L’une de mes expo s’est déroulée dans une villa en chantier…D’ailleurs j’ai comme projet d’organiser des expositions dans les galeries souterraines d’Alger….Je suis dans l’attente des autorisations pour concrétiser ce rêve.
A : Les peintres qui forcent votre respect ?
K S : Picasso, Yves Klein, Joseph Beuys, Robert Rauschenberg, Jacometti pour l’international. Chez nous, je voue une grande admiration à Denis Martinez mon prof et mentor, Mustapha Sedjal, Ali Silem, Choukri Mesli, Larbi Arezki, Rachid Necib, Abdelouahab Mokrani…
A : Si vous étiez un tableau, lequel choisiriez-vous d’être ?
KS : ‘Pluie, Vapeur et Vitesse’ de Turner. En anglais ‘Rain, Steam and speed’. Je pourrais regarder cette toile réalisée en 1844 et se trouvant à la National Gallery de Londres pendant des heures sans m’en lasser.
A : Plusieurs projets en chantier en ce moment Karim ?
KS : Ma vie est un tourbillon. Actuellement, je prépare ma prochaine expo, dirige des workshops et vais bientôt camper le rôle d’un assureur d’œuvres d’art dans une série télé sur Canal plus.
A : Comment avez-vous découvert Artissimo ?
K S : Depuis la création de cette école, je suis branchée ! J’y ai animé plusieurs ateliers et j’aime l’atmosphère artistique qui se dégage de ces espaces. Je trouve que l’école a fait d’énormes progrès depuis sa fondation. J’encourage Mme Baba, sa directrice à aller toujours de l’avant, comme elle sait si bien le faire !
AMOR GUELLIL : Styliste et créateur de mode
AMOR GUELLIL : Styliste et créateur de mode
Créateur de mode autodidacte, Amor Guellil est diplômé de l’Ecole Supérieure des beaux-arts. En 2013, ce jeune créateur remportait haut la main le concours de haute couture France -Algérie. A 27 ans, Amor Guellil a déjà signé cinq collections. Ce styliste pétri de talent a récemment fêté sa cinquième année de haute couture avec un défilé de mode intitulé Black Ten. Amor s’apprête à lancer sa première collection de prêt- à- porter. Rencontre.
Artissimo : Comment est né votre goût pour la mode?
Amor Guellil : Ma mère a été ma première muse. Elle avait la mise élégante et glamour, un peu à la Grace Kelly. Cette image de la femme tirée à quatre épingles m’a habitée depuis ma plus tendre enfance et a certainement guidé mes pas vers l’univers de la mode.
A : En 2009, vous avez intégré l’Ecole nationale des beaux-arts d’Alger. Comment passe-t- on du design d’aménagement au stylisme ?
A G : Les écoles de mode n’existant pas à Alger, j’ai opté pour l’Ecole nationale des beaux- arts, option ‘design d’aménagement et architecture d’intérieur. Entouré d’étudiants à la fibre artistique exacerbée, je me sentais comme un poisson dans l’eau. Petit à petit, j’ai commencé à développer ma créativité en jetant des ponts entre l’univers du design et celui de la mode. Durant les cours de travaux pratiques, en expression plastique, j’utilisais des tissus, des paillettes, du fil. Mon orientation vers la mode et la haute couture se profilait doucement mais sûrement. Dès la deuxième année, j’ai organisé un défilé de mode au sein de mon école en signant ma première collection à partir d’objets de récupération : sac plastique, papier… Ce premier succès m’a donné des ailes. Ma voie était toute tracée : « Créateur de mode, je serai, » me suis-je écrié.
A : Aujourd’hui, vous avez plusieurs collections à votre actif. Que racontent-elles ?
A G : ‘Recyclage’, ‘Bleu capricieux’, ‘La grisaille’, ‘la new Wave’,’ N° 16’, et la dernière ‘Black Ten’ racontent chacune un épisode de ma vie. Moments de joie, de doute, de bonheur, de tristesse marquent mes travaux.
A : Quels sont les grands créateurs de mode qui vous ont inspiré ?
A G : Depuis mon plus jeune âge, je nourris une grande admiration pour John Galliano. J’aime sa créativité débordante, son côté provocateur, extravagant et iconoclaste. Le créateur anglais Alexander McQuenn, fait aussi partie de mes références.
A : Quel regard portez-vous sur la mode made in Algeria ?
A G : La mode algérienne demeure coincée. Elle s’apparente à du folklore. Il n’y a qu’à voir le style traditionnel pour s’en convaincre : Exagération de la dorure et trop de kitch. Autre bémol, la mode ne s’épanouit qu’en vase clos. Sa présence ne s’affiche que lors de cérémonies occasionnelles. Mon rêve à moi, c’est de sortir la mode dans la rue. La mode devrait être spontanée !
A : Selon vous, quelles sont les qualités d’un bon créateur de mode ?
A G : Passer par une formation professionnelle et être entouré de personnes en rapport avec ce domaine me paraît incontournable. N’est pas créateur de mode qui veut. Chez nous, ce terme est malheureusement galvaudé. On confond souvent le métier de couturier et celui de styliste-créateur. D’où les fautes de goûts et le kitch en veux-tu en voilà.
A : Quelle actrice aimeriez-vous habiller ?
A G : L’actrice australienne Cate Blanchett. Elle possède une élégance naturelle et une présence extraordinaire. Tout ce que j’aime chez une femme !
A : Où en êtes- vous de vos projets ?
A M : Je travaille actuellement sur le lancement de ma première collection de prêt- à- porter de luxe intitulée ‘Ryem’. Mon plus grand souhait serait de porter la mode algérienne sur la scène internationale en exploitant l’identité culturelle riche et millénaire.
A : Comment avez-vous découvert Artissimo ?
A M : En 2007, j’étais à la recherche d’une école de mode à Alger. Des amis m’ont alors conseillé d’aller voir du côté d’Artissimo. Je m’y suis rendu afin de me renseigner. En découvrant ce grand appartement à l’allure parisienne, je fus subjugué. L’ambiance studieuse et décontractée m’a également happé. Il n’y avait pas de cours de stylisme mais j’y suis retourné à plusieurs reprises pour accompagner des amis et retrouver ce bouillonnement artistique que j’aime tant.
LE HIC. HICHEM BABA AHMED. Dessinateur de presse.
LE HIC. HICHEM BABA AHMED. Dessinateur de presse.
Vous êtes des millions à guetter son dessin de presse tous les matins sur le quotidien El Watan. Avec la pointe de son rapido, il signe HIC, trois lettres qui ne veulent pas dire Zorro mais Hichem Baba Ahmed. A 47 ans, le HIC est l’un des plus célèbres dessinateurs de presse en Algérie. Rencontre.
ARTISSIMO : Vous avez grandi en dévorant des BD. Est-ce ces lectures qui ont nourri votre passion pour le dessin ?
HIC : A l’adolescence, à l’heure où mes camarades lisaient les romans de la bibliothèque verte et rose, moi je me passionnais pour les BD genre Tintin, Astérix, Lucky Luc, Zid ya Bouzid de Slim… j’ai commencé à dessiner avant d’apprendre à marcher. C’est mon dada.
A : Vous ne pensiez quand même pas en faire votre métier ?
HIC : Absolument pas. Je suis diplômé en aménagement du territoire et protection de l’environnement. A la fin de mes études, j’ai d’ailleurs eu des petits boulots par- ci par – là : livreur, superviseur dans une société de nettoyage… C’était juste un tremplin. J’ai commencé à travailler comme dessinateur de presse au journal l’Authentique avant des passages par Le Jeune Indépendant, Le Soir d’Algérie, Le Matin puis dès 2006, à EL Watan où je sévis à ce jour (Rires). J’ai également bossé dans deux supports satiriques qui n’ont hélas pas fait long feu : El Manchar et L’Epoque.
A : Qu’est ce qu’un dessinateur de presse ?
HIC : C’est un indicateur social. Une sorte de baromètre de la société. En fait, les dessinateurs de presse sont les voyous de la rédaction. Cette formule me convient parfaitement. Je suis dessinateur éditorialiste. J’ai le privilège de travailler chez moi et d’avoir un rapport direct avec le directeur de la publication sans passer par la hiérarchie. Et ça c’est superbe !
A : Quel est la différence entre dessin de presse et caricature alors ?
HIC : La caricature c’est l’art de faire des portraits déformés sans que cela soit accompagné de bulles ou de textes.
A : Est-ce que ce métier implique d’éplucher les journaux tous les jours afin d’être constamment informé ?
HIC : Evidemment. Il faut garder un œil rivé sur l’actualité. Tous les matins, je fais une revue de presse en lisant tous les journaux et regarde en boucle les chaînes d’infos à la télé.
A : Quel est le côté chouette de votre boulot ?
HIC : Ne pas subir les contraintes des horaires de bureau et celles des embouteillages. Mais le plus grand bonheur à mes yeux c’est de pouvoir vivre de ma passion. Etre payé pour faire un métier qui me passionne, c’est vraiment top !
A : Vous arrive-t- il d’être contraint changer de dessin de presse à la dernière minute ?
HIC : Quand l’actualité l’exige oui. C’est arrivé le jour de la mort du Pape Jean Paul II. J’avais déjà envoyé mon dessin, mais j’ai dû en faire un autre rapidement afin de ne pas être en décalage avec l’actualité.
A: Être- vous parfois confronté au syndrome de la feuille blanche, comme c’est le cas pour les journalistes?
HIC : Bien – sûr ! C’est d’ailleurs la hantise de tous les dessinateurs de presse ! Parfois nous sommes en pannes d’inspiration parce que l’actualité n’est pas folichonne. Il faut alors se creuser les méninges pour pondre quelque chose !
A : Comment réalisez-vous vos dessins de presse ?
HIC : Je dessine à la main, au crayon puis je scanne mon dessin et mets de la couleur par photoshop.
A : Vous avez déjà publié une bande-dessiné. Comptez-vous réitérer cette expérience ?
HIC : La publication de ma première BD intitulée ‘ Le quatrième mandat expliqué à ma fille’ a été une expérience des plus jubilatoires pour moi. Ecriture d’un scénario, création des personnages et mise en scène, ce travail est tellement excitant ! D’ailleurs, je prépare une autre BD qui sera publiée vers fin 2016.
A : Qu’est ce qui fait un bon dessinateur de presse ?
HIC : Être au fait de l’actualité, avoir une bonne culture générale et être curieux de tout. Je n’ai pas de complexe à regarder ‘l’amour est dans le pré, écouter un tube de Rihanna ou Beyoncé. Tout est source d’inspiration pour mes dessins.
A : Récemment, vous avez réalisé une série de dessins consacrée à des chanteurs. Comment cette idée est- elle née?
HIC : j’avais fait un dessin d’humour de Frank Zappa que j’ai posté sur ma page Facebook, juste pour le fun. Il a tout de suite fait le buzz. Les internautes se sont mis à m’en réclamer d’autres. J’ai joué le jeu : Eric Clapton, Cheb Khaled, Cheikha Rimitti, Prince…. En tout, une cinquantaine de dessins ont été ainsi réalisés.
A : A quelle occasion avez-vous découvert Artissimo ?
HIC : J’ai eu l’occasion d’assister au vernissage de Jaoudet Gassouma et aussi à l’hommage rendu au penseur et écrivain italien, Umberto Eco. Il ya quelques années, j’ai rencontré Zafira, la directrice, dans une émission. Depuis, je la croise souvent lors d’événements culturels mais elle ne me reconnaît jamais. Alors j’ai un message pour elle « Pourquoi moi je te reconnais et toi pas ??? Je t’en veux Zafira» (Rires)